Celui dont je suis né, ce n'est pas
lui, mon père,
Pas celui dont j'ignore le visage, et
de quoi mon cœur est fait en soit,
Pas celui dont je ne connais ni
l'amour, ni un seul regard posé sur moi,
Ni celui à qui je dois ce que
j'aurais pu ne pas être, ou ce que je suis,
Perdu, dans la foule de ces inconnus
qui n'ont pas traversé ma vie.
Celui dont je suis né, c'est toi,
c'est toi mon Amour,
Qui m'a révélé, fais naître en moi ce
qui depuis si longtemps couvait,
Découvrir que je n'ai jamais été
quelqu'un d'autre que celui que je sais,
Fait du même bois que toi, que tu as
su si bien intensément allumer,
Qu'un feu intense maintenant brûle
nuit et jour dans ma cheminée.
Celui dont je suis né, c'est toi,
c'est toi mon Amour,
Toi, qui as fait éclore ce sentiment
profond qui vers toi s'envole,
Toi, qui fais de moi, aujourd'hui, ce
poète transi que son amour immole,
Toi, que j'ai cherché tout au long de
l'interminable traversée de mon désert,
Toi qui as fait naître en moi une
oasis de bien-être dont tu es le geyser.
Celui dont je suis né, ce n'est pas
lui, mon père,
Pas celui que j'ai cherché dans mes
rêves obscurs sans jamais le trouver,
Pas celui par qui je dois le mérite
d'exister, mais que je ne peux remercier,
Pas même celui dont je n'ai pas
traversé la destinée, l'espace d'un instant,
Pas celui à qui je ne dois rien de
rien, mais à qui, en fait je dois tout, pourtant.
Celui dont je suis né, c'est toi,
c'est toi mon Amour,
Toi, qui as su faire vibrer ma chair
comme au premier jour de mon humble vie,
Toi qui m'as soutiré mon premier cri
de bonheur d'homme désormais accompli,
Toi que j'ai trouvé un jour sur mon
chemin de mortel, au devenir en partance.
De Toi, j'ai tiré ma force de
survivre. Tu es l'essence de ma renaissance.






Photos et texte Christian Bailly
Tous droits réservés
01/10/2010