Sur ton corps dépouillé, l'eau vive
Endiablée court comme un feu follet.
Aventureuse et impertinente convive
Elle se joue de toi, te fait de l'effet.
Voluptueuse, hardie, elle se faufile
Là, où moi, je souhaiterais immiscer
Mes baisers et mes caresses agiles.
Sans détour, elle s'invite aux festivités.
De tes seins qu'elle durcit de sa froideur,
Elle titille les tétons sans vergogne,
Distribue sur ton ventre sa fraîcheur,
Se réchauffe de ton désir qu'elle besogne.
Sur ton corps dépouillé, l'eau vive,
Généreuse, étale sa rivière de diamants,
Te couvre de son innocence primitive,
Pour mieux faire de toi son amant.
Ensorcelé, tu abandonnes ta chair
À cette divine et savante maîtresse,
Qui sait de tes sens faire l'inventaire.
Jaloux, j'envie son insolente hardiesse.
Elle s'engouffre, là, où depuis longtemps,
Je convoite de faire un glorieux voyage.
Conquérante, elle fait sienne, en un instant,
Ce que je croyais être mon apanage.
Sur ton corps dépouillé, l'eau vive
Poursuit son chemin vers son destin,
Oubliant déjà sur toi ses prérogatives.
Infidèle, elle court vers un autre galantin.
Le froid, bientôt, te mord cruellement.
Les frissons de l'ivresse dissipés,
Déconfit, tu m'implores benoîtement.
J'ouvre mes bras, pour mieux te happer.
Infidèle amant, qu'allais tu chercher,
Dans ce ruisseau qui court la gueuse,
Quand mon cœur, à toi attaché,
Déborde d'affections amoureuses ?
Réchauffé par mon désir très assuré,
Tu présentes d'honorables allégations,
Que je ne puis plus longtemps refuser,
En signe ostentatoire de réconciliation.
Photos et Texte Christian Bailly
Tous droits réservés
19/07/2010