mardi 4 juin 2019

Natacha


Natacha,
Au coin de la rue, tu étais là,
Rue Lepic, tout en bas
Présente et transparente.
Que tu sois là ou absente

Personne ne semblait le remarquer
À part moi et tes habitués.


D'un blond cendré, sans maquillage
Extravagant comme le veut l'usage
Sans tenue outrageante,
Ni pose provocante,
Ton corsage légèrement ouvert,
Été comme hiver
Laissait entrevoir la naissance
De tes seins, sans indécence,
Savamment cachés
Mais discrètement avantagés.


Ta jupe courte, mais pas trop
Aguichais les matelots
Et laissait apprécier
Tes longues jambes fuselées.



Au mur, adossée, tu fumais une blonde
Et mesurais le temps au nombre
De mégots abandonnés à tes pieds
De talons aiguille chaussés.


Pour moi, tu n'étais pas Carla
Ni Lisa, mais Natacha
Tu m'inspirais les terres de l'Oural
De la Russie, les images picturales
Les troïkas, les violons et les balalaïkas.
Ah ! Natacha que faisais-tu là?
Je le savais, mais me taisais.


L'envie de t'aborder me démangeait
Autant d'ailleurs que mon adolescence
Qui attisait mes sens en effervescence
Inspiré par d'autres rivages inconnus
Par des amours inavouables
Des amours coupables.


Un jour viendrait…. Peut-être…
Ce jour, pourtant, n'est pas venu.
Du moins avant, que tu n'aies disparu,
Laissant dans ma mémoire
L'icône d'une princesse du trottoir,
Le souvenir d'un fruit défendu
Dans lequel je n'aurai jamais mordu.


Aujourd'hui encore, s'il me vient à passer
À la croisée de mes jeunes années,
Au bas de la rue Lepic,
Je cherche du regard ta frimousse angélique.


Je repense alors à cette époque de ma vie,
Où à l'écoute de mes envies
Torturé par mes étranges désirs,
J'attendais secrètement de découvrir ce plaisir,
Que je ne découvrirai jamais dans tes draps.


Comme je t'enviais alors d'être dans les bras
De tous ces jeunes et vigoureux marins,
Moi qui attendais l'amour au masculin.
Ah ! Natacha ! Si tu savais
Ce que la vie me réservait…



Texte et photos Christian Bailly
Tous droits réservés
10/2009

3 commentaires:

  1. Réponses
    1. un souvenir de mon adolescence, alors que je ne savais pas encore très bien où j'en étais
      cette fille a existé et elle était bien dans cette rue
      je ne sais pas comment elle s'appelait, j'ai inventé ce nom car elle faisait très pays de l'est
      Un jour je suis monté avec elle, mais ça n'a pas été concluant... ça confirmait ce que je ressentais et ce que je deviendrais vraiment...
      bises mon ami

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  2. Merci pour ce commentaire encourageant mon ami... Mais de là à se faire publier, c'est une autre affaire... 😊😉
    Bises amicales

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