dimanche 23 juin 2019

Songe d'une nuit d'été



 

Loin du monde frénétique,

Quelque part,

Au milieu de nulle part,

Dans une alcôve, déjà tout s’apprête,

Pour faire de l'Amour une somptueuse fête,

Au loin, quelques violons encore frileux

S'apprêtent à rendre les corps des amants furieux.

Entament une langoureuse mélodie.

Là, sur la couche, par la chaleur, alangui,

L'amant favori repose dénudé, lascif,

Abandonné, disponible, permissif,

Plongé dans les songes d'une nuit d'été orientale,

Inondée de parfums de jasmin et de santal,

Sa chair devenue fiévreuse d'avoir attendu,

Bouillonne d'une ardeur retenue,



Dans son sommeil, son corps enivré s'agite.

Du maître, il attend l'ardente visite.




Cependant…

Dans le secret des lourdes tentures,

Se préparent d'amoureuses forfaitures.

De violents sentiments bataillent,

D'insoutenables désirs assaillent,

Le souverain de ce corps à sacrifier,

Déjà exposé sur l'autel des hyménées.




Tenaillé sans ménagement

Pour son désir saillant,

Il se délecte, en secret, de l'image de cette offrande,

Dont il sait sa chair voluptueuse très friande.

Devant l'objet de sa concupiscente convoitise,

Il résiste, refoule sa persistante gourmandise.




Le spectacle est grandiose

Son désir frôle l'apothéose.

En silence, à la dérobée, il s'avance et dépose,

Sur le sein endormi de son favori, le sang d'une rose,

Sans oser réveiller ce charnel trésor.

Pourtant, il s'apprête, en conquistador.




Éclose à l'aube même de ce jour,

La rose exhale son message d'amour,

À l'amant empreint de mille désirs,

Qui ne demandent qu'à s'épanouir

En félicité douce et amer.




De son âme, s'exhument les chimères

De sa sensuelle appétence,

En effervescence.


 


Enveloppé d'un sommeil fiévreux,

Le bien-aimé rêve de plaisirs licencieux.

À son insu, sa chair affamée de caresses

Guide ses mains dont elle est bailleresse,

Sur les chemins du mont de Venus,

Là, où la lame incandescente du plaisir

Sauvagement le tisonne, prête à jaillir.




Inconscient des effets ravageurs

Sur son éminent et discret fourrageur,

Il campe, dans un voluptueux décor,

Avec une indécence provocante, son corps,

Dont il dévoile, dans une totale impudeur,

Son Eden secret et ses splendeurs.

Une perle de rosée déjà fleurit,

Embaume ce jardin qui déjà s'épanouit.


 


Armé de son glaive tyrannique,

Prisonnier de cet univers volcanique,

Son chevalier servant, envoûté,

Par tant de beauté et de sensualité,

Fabule mille et un contes érotiques,

Laisse vagabonder son âme extatique.


 

À l'instant même,

Une brise malicieuse effleure

L'amant assoupi sans pudeur,

Pour le sortir de son sommeil.

Tous ses sens, en éveil,

L'incitent à la besogne,

Attisent sans vergogne,

Son Vésuve jusqu'à l'éruption.




Sauvagement, à son plaisir, il s'abandonne,

Dans un gémissement, il le claironne,

Tandis que jaillit sa laiteuse semence,

De son plaisir, la quintessence.

Terrassé par la petite mort,

Apaisé, sur-le-champ, il se rendort,

Sans rien savoir de ses effets

Sur son maître aux aguets.


 


Le maître ravi par ce tableau,

Sort de derrière le rideau,

Et s'approche silencieusement

Près de ce corps, objet de son désir violent.

N'y tenant plus, il laisse parler son désir

Qui s'épanche enfin dans le plaisir

D'une jouissance virile

Exacerbée par une imagination fertile.

En longues salves opalescentes,

Il se répand sur la chair offerte et palpitante

Pour généreusement la parer

De lourdes perles immaculées.





Texte et photos: Christian Bailly

Tous droits réservés

27/01/2010

2 commentaires:

  1. Réponses
    1. merci mon ami d'apprécier...
      Tellement peu prennent le temps de me lire et de le dire
      beaucoup viennent pour les "images", et encore
      Heureusement c'est le plaisir d'écrire qui me tient, sinon j'arrêterais...
      merci mille fois... Bises

      Supprimer